Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, je vous envoye la coppie de la lettre que j’escris presentement à la court
2à laquelle iadiousteray que le seigneur de Charbonneau ne se contente du renvoy
3faict à vous d’une partie des articles par luy baillez parce que vous estes aucunement
4comprins esdits articles par lesquelz entre autres, on se plainct que n’avez gardé equalité en
5la distribution des compaignies des gens de pied qui ont faict servir dedans le païs de
6Daulphiné et qu’avez en cella plus foullé ceulx de la religion que les catholicques ; et
7encores que le seigneur de Sainct- Moris sestoit plainct à vous de ce que les Suisses
8l’auroient oultragé et voulu tuer environ le temps des Estatz et que n’aviez faict
9grant compte de sa plaincte. Lesdits articles contiennent aussy comme lon m’a dict
10qu’on ne faict aucunes informations des delictz des catholicques et que les poursuites
11se font seulement contre ceulx de la religion. Vella ce qu’en ay peu entendre car
12je ne scavois rien de toute sa poursuite jusques au jour d’hier. Je partiray dans
13huict jours pour repasser par la court et m’enquereray plus avant desdites poursuites,
14lesquelles sont en partie contre la court et partie contre vous, car il fault que je vous
15confesse qu’on nest pas le plus souvent ouy au conseil et que les remonstrances et expeditions se font par une partie sans ouir lautre encore quelle fust à la porte du conseil.
16Ce seroit proprement à ung procureur general du roy de venir deffendre à telles remonstrances,
17car lors que jen parle sans estre appellé ou enquis, aucuns me dient que cella rend notre
18compaignie plus suspecte d’estre affectionnée en me demandant si jay memoires
19et instructions signées par le greffier de la court ; et quand le sieur de Chastellard en parle
20de la part du païs, on luy respond que les commis du païs ne doivent plus
21favoriser ung parti que lautre et quilz se rendent partiaulx quant ilz parlent plus
22par les catolicques que pour ceulx de la religion pretendue refformée. On dict que
23monsieur le comte de Ventadoure est en une sienne maison près d’Orleans. Sil y est, je
24le verray en passant. Surce, me recommandant humblement à votre bonne grace, et
25priant le Createur vous donner
26monseigneur, en parfaicte santé longue et contente vie. De Paris, ce XVe jour
27d’aoust 1571
28vostre à jamais plus fidelle et plus
29affectionné serviteur
30Truchon
31Vous naurés la copie
32ains loriginal de la lettre
33que jescriz à messieurs
34de la court ausquelz vous
35plaira la faire tenir après
36lavoir veue